Je prends connaissance, de manière tactile, de l'espace. Je palpe, touche,
explore la surface des murs du bout des doigts. Je m'arrête, à un endroit, le grain du mur a changé. L'ampoule s'allume, je me recule et découvre une surface blanche de forme rectangulaire au pied de laquelle se trouve un robinet qui goutte à l'intérieur d'un seau. J'en sors une éponge que je presse et utilise pour mouiller à plusieurs reprises la surface blanche. Lorsqu'elle est bien humide, mes doigts commencent à la gratter et des lambeaux de papier peints s'en détachent. Un film, montrant des appartements inhabités, des lieux abandonnés et des fenêtres sous ou surexposées, est projeté à même le mur. Je continue d'arracher le papier, lambeaux après lambeaux. La diapositive d'une ampoule allumée, grandeur nature, apparaît, puis disparaît. Il y a maintenant plus de papier sur le sol que sur le mur qui, peu à peu, réapparaît. Le film se termine, ne projetant plus qu'un écran de lumière. Je le regarde, glisse mes doigts sur cette surface dépouillée, cherche plus haut, là où tout à l'heure l'ampoule s'était allumée. Puis je vais prendre une craie et, sur le mur, esquisse une ampoule et une fenêtre à la place de leurs apparitions. Le robinet, imperturbablement, coule goutte à goutte...