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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 15:15
Résumé
des mesures & démesure est un long texte constitué de beaucoup de petits qui se combinent un peu sur mesure. Idée de mesure et par là même de démesure, que celles-ci soient par rapport à soi, à l'autre, au reste du monde, qu'on ait besoin pour cela de nos corps ou de nos mots, ou encore de mètres, d'échelles, de systèmes de valeurs ou de rapports de forces.
La mesure, parfois toute relative, des sensations, des sentiments crées des face-à-face, des rapprochements et des mises à distance ou révèle des désirs, des rejets et des malentendus. Ces comparaisons et prises de mesures qui, entre enfants, ressemblent à des jeux, ne sont pas si différentes des défis que se lancent les adultes. Même si cela se passe à une autre échelle, il leur faut sans cesse compenser, masquer leurs doutes et leurs complexes pour sauver les apparences et rester à la hauteur (...)

Texte sur
Depuis leur première écriture et leur assemblage en combinaisons, il y a environ dix ans, les textes de des mesures et démesures ont fait l’objet de plusieurs lectures à deux ou trois voix. Ce sont des textes d’apparence « basique », des échanges semblant réduits à leur plus simple expression, des paroles ordinaires qui paraissent prélevées, le tout entrecoupé de données extraites directement de journaux et autres publications périodiques combinées parfois jusqu’à l’absurde et régulièrement actualisées. En accentuant, en répétant, en tournant et en retournant les mots sur eux-mêmes, on peut voir d’un autre œil les défis enfantins, découvrir les à-côtés de l’amour et l’envers des inventaires. Il suffit parfois d’un mot de travers, ou d’un regard absent pour créer l’incompréhension et semer le doute. Il manque toujours quelqu’un ou quelque chose et les choses ne sont pas comme on voudrait qu’elles soient. Le sort est ironique, les effets sont pervers et les cercles vicieux. Si les pas de deux, les rondes, les valses hésitations recouvrent en partie les rapports de forces, le déni, la culpabilité, la frustration ou l’orgueil, ils révèlent aussi le désir et la recherche de justesse, d’équilibre et de tendresse. Le flux des données chiffrées, accumulation analogique comme peut la générer Internet, s’insinue dans l’intimité entraînant son lot d’amalgames, d’interprétations contradictoires, de messages subliminaux, de rire ou de désespoir et sert de cadre à la sphère privée. Il n'y a pas deux poids deux mesures, mais bien plus en réalité. Le nombre de victimes ne se mesure pas de la même façon d'un bout à l'autre de la planète, une victime ici compte plus que cent là-bas, la puissance d'un état sur un autre lui octroie tous les droits. De la mesure du vieillissement qui inéluctablement transforme les corps de la naissance à la mort, jusqu'à la mesure de l'espace de lecture, de ce qui a été écrit, du nombre de minutes passées, de mots, de phrases utilisées. Cette tentative de mesure de soi par rapport à l'autre et au reste du monde n’est-elle pas démesurée, puisqu’au bout du compte, c’est toujours le temps qui a le dernier mot ?

Sur mesure
Dans la mesure du possible, je prends en compte les particularités des endroits où ont lieu les lectures. Un robinet et le bruit de ses différents débits, un trapèze qui se balance plus ou moins lentement et permet le tournoiement, un ventilateur dont on suit la décélération jusqu’au dernier souffle, etc. m’ont permis à plusieurs reprises de « mettre en scène » le temps dans l’espace ; de même que les objets : mètres de toutes sortes, échelles, chaises tournantes, toupies, réveils, etc. que, parfois, j’y introduis. Mais la relation au contexte peut se faire, comme dans cette librairie en Allemagne dernièrement, par un changement de langue de passages particuliers du texte, par l’introduction de données spécifiques au pays ou celle d’un nouveau lecteur (un choix de données et de textes relatifs à la lecture et à l’écriture ont été lus en allemand par le vendeuse de la librairie).












 

 



Extraits de la combinaison 7
(
Lecture du 2 avril 2008 par Patrick Querillacq, Joëlle Péhaut et Isabelle Lartault, Le Jour de La Sirène, chez Justine Schmitt et Zoé, 226, rue Saint-Charles, 75015 Paris).

(Les trois lecteurs, à tour de rôle.)

On peut, si c’est possible, plus ou moins…

Faire le + de choses possibles en le - de temps possible.
Faire croire qu’on en fait le + possible mais en faire le - possible.
En faire le - possible pour se fatiguer le - possible.
Se fatiguer le - possible pour vivre le + longtemps possible.
Faire le + d’argent possible en investissant le - possible.
Dépenser le - possible en achetant le + de choses possibles.
Avoir le + de choses possibles pour être le + heureux possible.
Avoir le + d’argent possible en le montrant le - possible.
Observer le + possible mais que ça se voit le - possible.
En dire le - possible mais n’en penser pas - .
Parler le - possible pour laisser penser qu’on en sait le + possible.
Se montrer le + possible pour être le + inoubliable possible.
Être le + inoubliable possible pour avoir le + de pouvoir possible.
Avoir le + de pouvoir possible pour avoir le + de pouvoir possible.


(J.P, en faisant tourner sa toupie.)

Si l’on tient compte du fait qu’au Loto un grand nombre de personnes joue les dates anniversaires de leurs proches rendant ainsi moins rentables les petits numéros et qu’on prend en compte  le fait que les joueurs se souviennent bien davantage de leurs gains que de leurs pertes…



(I.L, bouche bée et yeux écarquillés.)

 Pourquoi tout le monde tient-il tant à fêter les chiffres ronds ?

 

Si l’on tient compte du fait que les êtres humains peuvent dialoguer parce que quelqu’un dit « je » et « tu » à un autre qui lui répond « tu » et « je », et que « je » n’a pas, dans toutes les langues, le même sens selon que l’on dise : « je mange… » ou « je me souviens »… 


(P et J, à tour de rôle. P parle avec l’air mécontent, J en souriant.)


Il a mauvais caractère !
Il sait ce qu’il veut.
Il s’impose lourdement !
Il doit se faire respecter.
Il a une haute idée de lui-même !
Il sait qu’il est le meilleur.
Il pique de grosses colères ! 
Il a du caractère.   
Il n’écoute personne ! 
Il ne s’en laisse pas conter.
Il s’imagine que tout est tout noir ou tout blanc !
Il a le goût de l’extrême.
Il ne fait pas dans la mesure !
Il a un caractère entier.


(J.)

Si l’on mesure le fait qu'une goutte d'eau que l’on se représente ronde avec une pointe en haut est en réalité ronde avec une pointe en bas.



(P et I, à tour de rôle.)

Elle a l’air fragile, mais au fond elle est forte.
Elle n’est pas aussi forte qu’elle en a l’air.
Elle a l’air forte, mais au fond elle est fragile.
Elle n’est pas aussi fragile qu’elle en a l’air.
Ce n’est pas parce qu’elle a l’air forte qu’au fond elle n’est pas fragile.
C’est peut-être un signe de fragilité de vouloir se montrer aussi forte.
Elle doit être forte pour ne pas montrer sa fragilité.


(Les trois lecteurs, ensemble.)

C'est définitif. Plus jamais on ne défera l'ourlet de mes vêtements pour les rallonger. On ne changera plus mes chaussures parce qu'elles sont trop petites, mais parce qu'elles sont usées. J'ai atteint ma taille adulte. Plus la peine d'escompter… Maintenant, je suis fixée.


(I, en faisant tourner sa toupie.)

Si l’on mesure le fait que la terre est un système fini et que dans l’Antarctique, 100 mètres en dessous de la glace, on est à l’époque de Charlemagne et que 200 mètres encore en dessous, on remonte à celle de Jésus-Christ…


(P.)

Tout ça ne nous rajeunit pas !


(...)

 

 

 

 

 

 

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